Splendide hommage à la voix que ce programme qui associe le chef-d’œuvre d’expressivité postromantique que sont les délicats Lieder de jeunesse de Berg et le monument du répertoire sacré constitué par le Requiem allemand de Brahms. 
Les motifs éternels de la « culture du lied », telle que l’emblématisa Schubert, sont rassemblés dans les sept pièces de Berg : l’amour, puisqu’elles dépeignent la douceur de la vie conjugale (Im Zimmer), mais aussi la nature (Schilflied), la nostalgie (Sehnsucht), la nuit (Nacht), le rêve (Traumgekrönt)… Lyrique, la ligne vocale de Berg est portée par un orchestre chaleureux, mais dont la complexité polyphonique prophétise parfois les ombres des drames opératiques que seront Wozzeck et Lulu. 
À ces sept pépites répondent les sept parties du Requiem allemand de Brahms, dont la spiritualité parfois hiératique délaisse les effets dramatiques souvent propres aux musiques de requiem pour y substituer la solennité chorale et la hauteur philosophique. Écrit à la mémoire de la mère du compositeur, c’est aussi un hommage à la langue allemande dans la plus pure tradition luthérienne, même si Brahms en souligna lui-même la portée universelle : allemand certes, mais avant tout humain. 

Lieu : Grande salle Pierre Boulez - Philharmonie