Shakespeare a si bien su montrer combien est puissant l’amour impossible qu’il s’est vite imposé comme un modèle en la matière : séparés par leur famille ou leur clan… combien compterons-nous ensuite de Roméo et de Juliette…

Au xxe siècle, Prokofiev s’intéresse à ce mythe au moment où il souhaite renouer avec le néoclassicisme en vogue sous l’ère stalinienne, tournant définitivement la page de ses essais futuristes (comme par exemple sa Symphonie n° 2 de 1924, au style incroyablement “machiniste” et industriel). Dans son ballet Roméo et Juliette, les mélodies sont claires et limpides, perceptibles par tous, comme le souhaitait la propagande d’alors. La création russe, au Kirov de Saint-Pétersbourg en 1941, est un triomphe. Le ballet allie ingénieusement tradition et modernité, avec une élégance et une puissance évocatrice qui restera un modèle. Chaque numéro contraste avec le suivant, certains étant devenus de véritables “tubes”, comme la célébrissime Danse des Chevaliers. Le Concerto pour violon n° 1 date sensiblement de la même période, avec un lyrisme tout aussi chaleureux.