Le jeune Fela Kutti était alors musicien dans son groupe, avant de devenir le maître de l'Afrobeat que l'on connaît. On raconte aussi que certains des morceaux d'Orlando auraient influencé le godfather of soul James Brown, pour ne citer que lui. Fort de ses 50 ans de carrière, il fait un grand retour avec l'album « Jaiyede Afro » aux côtés des excentriques Heliocentrics. Ce collectif londonien à forte teneur en Groove n'en est pas à sa première collaboration. Après des albums avec Mulatu Astatke ou Quantic, ils mettent cette fois-ci leurs talents au service d'une pépite du Nigéria.
La naissance du rythme
Le génial saxophoniste Orlando Julius, l'un des pionniers de l'afrobeat, est de retour sur scène avec le collectif anglais The Heliocentrics.
C'est un fait dans l'histoire de la musique : il y a toujours des pionniers, qui ont jeté les bases d'une évolution possible pour ceux qui les ont suivis. On ne fera pas injure au génialissime Fela en rappelant qu'avant lui, au Nigéria, il y avait un certain Orlando Julius. Il était même bien placé pour le savoir puisque c'est ce dernier, saxophoniste émérite et artisan de la fusion entre musique nigériane traditionnelle et jazz, qui l'a recruté dès le début des années 60 en tant que trompettiste dans son band. Le label Strut rend hommage à cette immense figure en l'associant au collectif londonien The Heliocentrics - tout comme Madlib, Quantic et Mulatu Astakte précédemment - pour un enregistrement et des prestations live qui renouent avec l'essence même du jazz dans sa version afro. Ensemble, ils revisitent des titres du passé, dont certains restés inédits. Pour ceux qui aiment Fela donc, James Brown, l'Art Ensemble of Chicago mais aussi pour ceux qui cherchent les fondements même du groove aussi bien chez les artistes funk ou hip hop les plus éclairés que chez les jazzmen endiablés, Julius Orlando constitue une découverte indispensable. Cette chose impensable qui pulse comme si rien n'avait existé auparavant. Comme si l'on découvrait la notion même de rythme pour la première fois. (E.A.)
Julius Aremu Olusanya Ekemode est né en 1943 à Ikole-Ekiti, au Nigeria. À quatorze ans, il investit les clubs d'Ibadan, passant de la batterie au saxophone en travaillant Armstrong, Parker, Coltrane, et toute la musique cubaine disponible à la radio. Passé par les orchestres d'Eddy Okonta et de Jazz Romero, il fonde ses MODERN ACES, orchestre résidant du mythique Independence Hotel, pour fusionner rythmes africains (en premier lieu le highlife Ghanéen), jazz, blues, tango, calypso et soul. Un cocktail qui influencera tous les musiciens de Lagos, dont le jeune Fela Kuti qui le citera toujours comme une influence majeure. Après l'album charnière Super Afro Soul (1966), ORLANDO JULIUS s'envole pour l'Europe et les États-Unis et joue avec la crème des stars afro-américaines (Marvin Gaye, Curtis Mayfield, Gil Scott Heron, Isaac Hayes...). Réinstallé depuis 2008 dans la banlieue de Lagos, il revisite aujourd'hui ses titres de jeunesse sur le fascinant Jaiyede Afro (Strut Records). Du groove, du funk, du jazz psyché pour un afrobeat originel détonnant !