Grand Corps Malade
Ni rappeur, ni chanteur mais 'slameur', Fabien alias Grand Corps Malade est une véritable révélation : un poète de notre temps qui déclame en musique. Artiste de la langue, au style lumineux et précis, ciselant ses chansons comme autant de petites pierres précieuses. La musique et le beat sont devenus omniprésents, le rythme s’est accéléré mais c’est la voix de Grands Corps Malade qui reste le plus bel instrument pour servir ses mots, si beaux, si durs et si touchants. Les styles se croisent et se mélangent avec légèreté, et c’est au final, chaque soir de concert, un grand feu d’artifice de mots et de sons que l’artiste et ses complices nous offrent.
Ben Mazué
L’âge de la maturité. Trois ans après son premier album, Ben Mazué revient avec un deuxième opus empreint d’une sincère simplicité. 33 ans est une mise à nu pudique et poétique. L’acceptation de soi, la vie conjugale, le deuil, la paternité mais aussi la retraite ou encore la première fois... Toutes les étapes de la vie sont croquées sans tronquer ni tricher.
Avec une écriture juste, l’auteur s’attaque aux a priori et les dégoupille un à un. Écouter ses angoisses, c’est vieillir (L’Onde). S’accepter pour avancer (Chamallow). Faire des enfants ce n’est pas que indispensable (Oui oui). La tristesse liée à l’absence ne vient pas tout de suite mais dure longtemps (Vivant). Les filles à papa brillent plus qu’elles ne scintillent (Ruby). Les couples qui durent finalement sont ceux qui cultivent l’amour (Peut-être qu’on ira loin).
Pour arranger ces tranches de vie, Ben Mazué s’est entouré d’un Niçois, comme lui. Medi (Charlie Winston) a su donner une nouvelle naissance aux morceaux. Il n’ajoute pas, ni ne soustrait, il résout.
Puis viennent les cinq âges, qui racontent cinq tournants. Au corps qui se donne pour la première fois (14 ans), succède l’enthousiasme du vingtenaire confronté à l’usure de la trentenaire (25 et 35 ans). Puis, un vent de révolte souffle contre la retraite (54 ans) avant qu’une brise de sagesse (73 ans) ne vienne refermer cette grande frise (in)temporelle.
Ce voyage à travers les années a été confié à Guillaume Poncelet (Ben l’Oncle Soul, Gaël Faye) qui a su comprendre les mots et les mélodies sans les brusquer. Le résultat est une élégante osmose qui fait autant sourire que pleurer. De l’essence de naïf tachetée de mélancolie.
Pour La Réconciliation, Ben Mazué a également sollicité les talents de Bruno Muschio (Bref) pour son rythme des mots et des images (il a aidé à la réalisation des clips des âges); Pour 73 ans, on retrouve Clément Simounet (a.k.a. Nilem), acolyte des premières heures et sans aucun doute des prochaines. Et Lenox (Opening Act) qui, depuis l’île de Ré, a transformé un “on ne sait pas quoi” en un Ruby inspiré.
Ben Mazué, est un auteur compositeur interprète, après un premier album éponyme (Sony/Columbia), il a sorti un EP La Règle des trois unités remarqué par la critique.