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Melissa Laveaux

  • Samedi 06/04/2019 à 20:30

Paul B. - Massy

6 Allée du Québec 91300 Massy

Salle de concert, salle de spectacle

Massy 91

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À propos

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Déjà aperçue plusieurs fois à Paul B (ainsi qu'aux Primeurs), sous son nom ou dans l'équipe de Julien Lourau par exemple, Mélissa Laveaux est une des voix les plus enthousiasmantes de la créolité d'aujourd'hui. Canadienne d'origine haïtienne vivant à Paris depuis plusieurs années, elle construit des ponts entre ses différentes cultures, américaine, afro-caribéenne et européenne dans une �uvre musicale plurielle, où rock et folk se font ensorceler par les rites et rythmes vaudous de l'île de ses ancêtres. Sur son dernier album, « Radyo Siwèl », elle explore le patrimoine musical de l'île, ce tissu de chansons créoles qui, au début du siècle dernier, ont été, par leurs paroles subversives et leurs textes polysémiques, un vecteur important de résistance populaire face à l'envahisseur yankee. La réinterprétation qu'elle en fait n'est cependant pas un exercice de fidélité absolue. Elle en retient plus l'essence, l'âme que les interprétations exactes. Morceaux imaginés à partir de bribes de textes trouvés, rythmiques revues et corrigées, ambiances transformées en mélodies� Avec sa patte inimitable, elle transforme tout ce terreau en chansons lookées rock, où le créole haïtien semble presque plus pertinent que l'anglais pour conter révoltes ou légendes et, à grands coups de guitares électriques et de percussions subtilement arrangées, leur donne une atemporalité magnifique.

Les artistes

Mélissa Laveaux

C’est une douce révolution. Si Mélissa Laveaux n’a rien escamoté de l’identité très forte dessinée par un premier album acclamé (Camphor And Copper, 2008), elle s’est aujourd’hui réinventée. À la douceur acoustique d’un folk langoureux et chaloupé, la jeune femme préfère à présent l’énergie plus sophistiquée d’une pop percutante et irrésistible. L’écriture est toujours aussi personnelle, la voix toujours aussi sensuelle et juvénile, mais les orchestrations explosent en un feu d’artifice inventif, qui fait la part belle aux rythmiques et à des sonorités plus synthétiques.

C’est la réinvention d’une vie. Née à Montréal en 1985 de parents haïtiens, Mélissa Laveaux grandit à Ottawa (Ontario). Dans la foulée de son premier album, elle s’installe en France, une étape délicate qui nourrit largement les textes de Dying Is A Wild Night. La jeune femme y envisage ces dernières années sous un angle intime, puisant dans des moments difficiles une énergie nouvelle. Emprunté à la poétesse américaine Emily Dickinson, le vers complet est “Dying Is A Wild Night And A New Road”. L’idée est belle et symbolique : rompre les amarres avec son pays était à la fois un déchirement et la promesse d’un nouveau départ.

C’était aussi un nœud de paradoxes : dans un même mouvement, Mélissa s’éloignait et se rapprochait de sa famille. Elle a mieux appréhendé le parcours de ses parents, émigrés haïtiens, tandis que l’éloignement géographique se doublait d’une incompréhension de leur part sur son choix. C’est le thème du single Postman : arrivée à Paris, il a fallu trouver des ressources ailleurs que dans une lettre que le facteur ne déposera jamais.

La beauté et l’énergie de Dying Is A Wild Night tiennent à une tension entre cette écriture très personnelle et un travail profondément collectif. L’enregistrement des maquettes, d’abord, s’est fait avec la batteuse de jazz Anne Paceo, indice déterminant sur des chansons à l’assise rythmique souvent étonnante (Mélissa voue une admiration sans borne au duo Wildbirds & Peacedrums, qui travaille sur les combinaisons percussions/voix). La suite est un travail de studio passionnant avec trois réalisateurs : Vincent Taeger, Vincent Taurelle (claviers de Air) et Ludovic Bruni, qui ont remodelé certains titres et apporté beaucoup à la texture sonore des chansons. Il y a là une modernité qui évoque volontiers la pop mutante de Santigold et Goldfrapp mais aussi les derniers développements de la carrière de Fiona Apple, exigeants et inventifs derrière leurs atours pop.

Mélissa Laveaux le confie sans difficulté : elle écoute beaucoup plus de musique qu’elle n’en écrit. Cela informe ses chansons de milles nuances et influences parfaitement assimilées. L’étonnante reprise du Hash Pipe de Weezer s’impose comme la touche rock d’un album à l’éclectisme élégant : soul chantée d’une voix de velours (Dew Breaker), pépites énergétiques et élancées (Pretty Girls, Sweet Wood) ou tubes pop parfaitement balancés entre sonorités organiques et synthétiques (les incroyables Triggers et Generous Bones). Comme un trait d’union avec le premier album de Mélissa, une merveille acoustique au déhanché délicat s’est glissée en fin d’album : chantée en créole, Pie Bwa est une variation autour du Strange Fruit de Billie Holiday, écrite du point de vue de l’arbre, ensanglanté. Une image puissante sur un album audacieux : orchestrations modernes, mélodies imparables et textes personnels traversés d’interrogations sur la foi, Dying Is A Wild Night est de la trempe des grands disques pop, qui touchent à la fois le cœur, la tête et le plexus.

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