J'ai grandi à Tunis jusqu'à mes 16 ans, et j'ai très tôt été attirée et émerveillée par la scène, par la lumière et par la nuit. Dès que j'ai pu, j'ai poussé les portes des théâtres à Tunis, puis des bars à Paris, trimballant mes deux langues et mes origines rurales dans les capitales. Petite fille de berger, guitare et stylo en guise de sifflet. J'ai toujours écrit des poèmes, mais sur scène, j'ai d'abord cherché le son, l'émotion, ou juste l'interaction. Pour être ensemble, de concert , comme on dit si bien.
Quand on m'a encouragée à chanter en français, j'ai ouvert mes carnets de poésie et les mots sont sortis, soulagés. J'ai croisé les regards et les imaginaires, j'ai glissé les mots d'esprits et les sonorités du français dans les mélodies et la magie de l'arabe, et j'ai tenté de mêler la conscience et le sens au mystère des sons et des émotions. Hybride.
L'histoire de ce nouvel album c'est peut-être ça : j'ai regardé mon monde intérieur sous un nouvel angle, puis j'ai tenté de raconter ce que je voyais du monde. Et je le vois plutôt comme un angle. Pyramidal, plutôt bancal. Alors dans mes chansons, j'essaie de l'arrondir, de le sourire, de le chanter et de l'enchanter. En piochant dans la beauté d'une lecture ou dans le secret d'une rue, dans une rencontre banale ou dans un tableau abyssal. Pour améliorer, pour sublimer ou peut être simplement pour communiquer, pour mettre en commun ou communier. De concert on dit si bien.