Hulda, composée entre 1879 et 1885, ne fut jamais montée sur scène du vivant de César Franck. Inspirée d’une pièce norvégienne, cette sanglante légende médiévale narre les multiples vengeances de son héroïne à l’encontre du clan Aslak, bourreau de sa famille, puis d’Eiolf, l’amant infidèle. Si l’imaginaire nordique évoque celui des productions wagnériennes, le compositeur creuse le sillon du grand opéra français tout en adoptant le langage verdien de la même époque. Refusé à Paris par l’Opéra et l’Opéra-Comique, puis à Bruxelles par le théâtre de La Monnaie, cet opéra ambitieux se transforme en espoir déçu. Le décès de Franck génère cependant une nouvelle curiosité pour ses inédits et le théâtre de Monte-Carlo programme la création de Hulda en mars 1894 avec Blanche Deschamps-Jéhin dans le rôle-titre. Monté dans une version abrégée et une mise en scène minimaliste, l’ouvrage ne déclenche cependant pas les passions. Il sera ensuite savamment enterré par les élèves de Franck : préférant garder de lui l’image d’un compositeur de musique pure, ils se réservèrent la gloire d’incarner le renouveau lyrique de la scène française. Si ces enjeux sont aujourd’hui caducs, il nous reste Hulda : "Une partition de haut vol, débordante d’invention, d’une force d’évocation prenante, d’une qualité lyrique de premier ordre" (Joël-Marie Fauquet).
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