La Messe en si de Bach est à la fois une énigme et un défi. Pour gravir ce sommet, Raphaël Pichon, jeune contre-ténor devenu chef, est entouré de ses musiciens de l’Ensemble Pygmalion.
La Messe en si de Bach recèle de nombreux mystères, et l’on peut douter qu’ils s’éclaircissent un jour. Parmi ceux-ci, celui de la chronologie de sa composition n’est pas le moindre : le Sanctus, qui se trouve normalement vers la fin de la Messe, date de 1723, et c’est le premier numéro que Bach couche sur le papier. Il faut ensuite attendre 1733 pour qu’il compose le Kyrie et le Gloria – une action motivée par sa candidature au poste de Compositeur de la Cour de Dresde. Enfin, Bach ne mettra la dernière main à son grand œuvre qu’en 1748, soit 24 ans après la composition du Sanctus, et deux années à peine avant de mourir. Pourquoi cette volonté de constituer ainsi un recueil – par ailleurs parfaitement écrit et cohérent, malgré la distance qui sépare les compositions de ses différentes parties ? Est-ce une forme de défi intellectuel et créatif qu’il s’impose, comme ce fut le cas pour quelques autres de ses monuments (L’Art de la fugue, Le Clavier bien tempéré) ? Est-ce l’obscurité qui l’envahit chaque jour un peu plus (atteint de cataracte, sa vue baisse depuis 1745) ? Est-ce un idéal intellectuel, ou mystique, qu’il cherche à atteindre ? Quoi qu’il en soit, Bach n’a jamais vécu cet idéal que par bribes, ou sur le papier : il n’entendra jamais sa Messe dans son intégralité.
Lieu : Grande salle Pierre Boulez - Philharmonie