Collectif afrobeat construisant des autoroutes entre l'Afrique de l'Ouest et Londres, les Kokoroko incarnent à merveille le bouillonnement musical de la capitale britannique. Notamment dans le renouveau d'une scène jazz qui, à l'instar de sa lointaine cousine américaine, dynamite codes et dogmes à grand coup de modernité hip hop, punk ou électro. Ces huit-là ont grandi avec tout ce que la jeunesse d'une ville monde comme Londres peut se mettre dans les oreilles, grime, hip hop, dubstep, ragga sans oublier bien entendu afrobeat ou highlife, et autres grooves traditionnels nigérians ou sierra léonais transmis par les parents. Alors quand ils ont créé Kokoroko, ils ont jeté tout ça dans la marmite et se sont même rappelés qu'ils étaient assez talentueux pour y injecter ce feeling de l'improvisation propre aux meilleurs jazzmen. Il en résulte une musique au groove cosmique, qui salue les anciens (on pense forcément aux maîtres Fela ou Ebo Taylor) mais avec une joyeuse irrévérence, en dignesreprésentants d'une jeune génération made in England prête à affronter les défis de l'ère post-Brexit en affirmant une identité britannique multiculturelle née dans le magma londonien.