Cette soirée propose une rencontre originale entre composition musicale et création vidéo sur un écran cinétique.
Aux côtés de celles de Nietzsche et Hölderlin, l’œuvre du poète Antonin Artaud est l’une des références majeures du compositeur allemand Wolfgang Rihm. On se souvient notamment du monumental Tutuguri (1981-1982) et de son mouvement final pour 6 percussionnistes. L’« expérience de théâtre » Séraphin (1993-1996) trouve sa source dans les textes d’Artaud et de Baudelaire portant tous deux le titre Le Théâtre de Séraphin – texte inclus dans le volume Le Théâtre et son double pour le premier et chapitre des Paradis Artificiels pour le second. À partir de ces textes, le compositeur avait élaboré des « personnages musicaux » interprétés par des chanteurs. Le Concerto Séraphin (2006-2008) développe dans un cadre purement instrumental des idées nées dans l’œuvre vocale antérieure. La musique progresse par le développement perpétuel d’une cellule de 9 mesures, qui donne à cette œuvre puissante toute son homogénéité. S’appuyant sur cette œuvre, le collectif de vidéastes hollandais 33? Collective – à qui l’on doit déjà le projet Bluebeard – a imaginé le spectacle No More Masterpieces en référence au chapitre du Théâtre de Séraphin d’Artaud intitulé « Pour en finir avec les chefs d’œuvre ». Intimement connecté à l’exécution instrumentale par une gestuelle en temps réel, le travail des vidéastes est conçu comme une « intensification imagée » du Concerto Séraphin, sous l’égide du « théâtre de la cruauté » d’Artaud, ce théâtre qui se rêve expérience sensorielle totale, primale et intensive.