Léonie Pernet
À une heure de Paris, Léonie Pernet a grandi l'humeur calée sur les mélodies d'ailleurs. Bercée par les ombres et les lumières croisées d'Aphex Twin, Philip Glass ou Patti Smith, elle s'est faite en jouant autant qu'elle le pouvait, entre piano et percussions, dans un solo foisonnant. Dans une classe du conservatoire, dans sa chambre et partout ailleurs. À 16 ans, elle a quitté l'école et a trouvé - évidemment - la musique comme horizon. Hyper instrumentiste, elle est passée compositrice et méta créatrice, imaginant des musiques pour le spectacle vivant et inventant pour elle avec une première performance bardés de sons et de flashs. À 18 ans, elle arrive à Paris, fait la nique au jour en déambulant la nuit. Noctambule invétérée, elle fait voguer les autres dans ses soirées Corps vs Machine. Elle finissait tard sans plus vraiment savoir quelle heure et quelle saison il était. Mais sans jamais perdre de vue le cap de la musique. Elle a joué de la baguette pour Yuksek en France et partout dans le monde, a continué à danser et composer dans sa chambre et puis elle est partie loin, à New York. Pas pour fuir. Juste pour aller plus loin. Pour imaginer plus, pour créer plus, pour rêver encore. Avant de revenir, le répertoire plus fort.
Cléa Vincent
Difficile d’écrire la biographie de quelqu’un qui a encore tout à vivre. C’est au futur indicatif qu’il va falloir conjuguer les talents de la parisienne Cléa Vincent. Elle est jeune, volontaire et capable de tout, à l’image du hit indémodable de Minnie Ripperton (Young willing and able). Elle aime les ambiances de jungle hexagonale à l’instar de Yelle ou du trop méconnu premier album de Chagrin d’Amour. Antidote acidulé aux pâles fantômes de la french pop (de Taxi Girl à Lescop), ce premier LP fait l’effet d’un gin fizz sur le parking d’une boîte où l’on serait très désireux de pouvoir entrer
Comme une France Gall imprégnée de culture dance, Cléa enchaîne ses chansons à la vitesse haut-débit d’Alice au pays des merveilles sonores. Une recette de l’amour fou sortie de l’alambic Séverin, chanteur ne se contentant pas de plaire aux jeunes demoiselles, sachant aussi devenir leur brillant couturier sur-mesure (Liza Manili, déjà). Prendre les chansons de l’album une par une reviendrait à disséquer une grenouille vivante en cours de biologie. Il y a une telle tenue - et même teneur - dans cet album de l’immaturité qu’il serait disconvenant de l’aborder en pièces détachées. Cléa fait démarrer son histoire dans une ville-fantôme sans garçon, nous fait passer par plusieurs états de fièvre amoureuse avant de nous abandonner sur une promesse de recommencement. Indisciplinée, ne chantant qu’à sa tête, Cléa invoque un grand « Méchant Loup » et ose, dans sa « Dérive du Lendemain », un couplet en onomatopées - pas entendues depuis Jacques Higelin.
Quelle arrogance, pour une artiste de 2013, de convier à sa table tant de fantômes, démons et autres crustacés fantasmagoriques pour nouer avec eux un dialogue dans une langue happée, coulée, parfois étrange… Mais toujours en rythme ! La Baby Pop des années 10 gambade sur un chemin si peu évident qu’on va finir par l’emprunter.