" Notre volonté, c'est de servir une musique qui fasse danser et qui soit agréable à l'oreille, une musique qui doit autant à la chanson française qu'au disco ou à l'électronique. "
S'il est question pour ce trio de composer de la belle et grande chanson populaire, l'intelligence de Charlie (chant), Antoine (batterie, contrebasse) et Robinson (guitares, synthés) est aussi de ne pas être de simples répliques besogneuses des grands noms du paysage musical hexagonal.
On entend ici des références à Brassens, là des notes synthétiques semblables à celles de L'Impératrice, ailleurs ce fabuleux mélange d'arrangements électroniques et d'efficacité pop perceptible dans les productions d'Angèle.
On entend surtout toute la poésie, l'autodérision et la théâtralité d'un trio qui, après de longs mois de réflexions, de recherches et d'essais, a réussi à définir sa formule, perceptible dès " Béatrice ", judicieusement placé en ouverture de l'EP.
"Béatrice", c'est le fantasme d'une fille, celle que l'on ne parvient pas à séduire à cause d'une trop grande timidité. C'est également une volonté pour nous d'assumer notre côté féminin, de mettre en avant notre fragilité. Mais Béatrice, c'est aussi la muse dans l'enfer de Dante. On aime ce genre de clin d'œil, cette possibilité de créer des passerelles entre différents univers ".
De cet attrait pour les correspondances artistiques découlent directement les mélodies de Ciao Béatrice, tout en groove, en basses bondissantes et perpétuellement enrichies par la présence de Romain Clisson (François Morel, Gaël Faye, Ben L'Oncle Soul), dont le sens du mix vient mettre en lumière la complicité et l'âme joueuse de trois musiciens en quête d'airs fédérateurs et de chansons antidatées.
Avec, toujours, cette diction particulière, cette façon de faire sonner les mots qui continue de hanter les esprits une fois l'écoute terminée.