Laure Brisa
Sur la scène, une harpe classique, de nombreux micros, des machines, un piano électronique, un séquenceur, une grosse caisse, beaucoup de pédales et une pléiade d'objets. Laure Brisa orchestre un panthéon personnel, un opéra domestique, avec tout ce qui l’entoure. Tel le mécanisme de nos rêves, sans logique et sans linéarité, elle nous fait traverser des paysages sonores, bouclant de la pointe des pieds, étoffant du bout des doigts, peignant délicatement les contours, les angles de vues, les profondeurs de champs, les travellings de ce deuxième opus qu'elle construit à vue et dont elle offre les rouages, entourée de Thibault Lefranc pour le travail subtil du son et de Fred Poulet pour la réalisation et les projections d’images en direct.
Susheela Raman
Sur Salt Rain, Susheela Raman Official réussit l'impossible fusion entre des mondes a priori inconciliables qu'elle fréquente depuis l'enfance. D'un côté, la tradition de l'Inde du sud qu'elle tient de sa mère qui l'a initiée aux rituels des chants dévotionnels et des ragas. De l'autre, la soul et le funk qu'elle découvre adolescente et dont elle concrétisa la pratique par la réalisation d'un disque avec le groupe Joi pour le label de Peter Gabriel, Real World. C'est au cours de cette séance d'enregistrement qu'elle rencontra Sam Mills qui l'aida à mettre en forme Salt Rain.
Relativement fidèle à la tradition carnatique, le duo choisit d'explorer avec grâce ses préoccupations, sans concessions, enchaînant avec souplesse l'anglais et le sanscrit, à l'image d'un répertoire en forme de voyage qui embrasse dans un même élan des classiques du genre comme "Nagumomo" et des reprises comme celle du sublime "Song To The Siren" de Tim Buckley.
Sans sacrifier son talent de chanteuse hors norme sur l'autel en toc des indian vibes cotées sur le marché du disque, Susheela Raman délivre un album étonnant de sagesse.