Johnny Montreuil
Rien que le nom ! Ca sent le Pento, la ferraille, la mob et la goldo, le cuir et le baston.
Mais gaffe ! Si les cinq beaux sales gosses du combo portent fièrement Tiags, rouflaquettes et moustagaches, c’est pas du cambouis mais bel et bien de l’or qu’ils ont dans les pognes, suffit de tendre les feuilles quand la contrebasse, le violon, l’harmo et tout le toutim se mettent à tricoter ensemble. S’ils arborent les symboles d’un intemporel 9-3 à la Margerin et revendiquent des influences allant de Johnny Cash aux Balkans en passant par la Chanson Réaliste, on pige d’autor, quand déferle leur rockabilly tzigane virtuose meuglé en pur francaoui, qu’on a pas affaire avec Johnny Montreuil à du folklore ou à une énième flatulence Vintage.
Johnny Montreuil chante et incarne une banlieue toute pourrie mais si jolie ! Une banlieue bigarrée, peuplée de gens pas rancuniers qui se moquent d’être ostracisés au quotidien et se contrecarrent des modes passagères, puisqu’ immanquablement, depuis le Musette créé par l’alliance ritalo- auvergnate, les métèques de l’époque, et kiffé par d’infréquentables Apaches, ce sont finalement toujours d’insouciants narvalos décavés et métissés à la Johnny Montreuil qui représentent aux yeux du Monde ce foutu chouette pays de joyeux bâtards qu’on nomme la France.
Cochran
JOHNNY MONTREUIL
Aalma Dili
« Ils sont comme des musiciens sur l’estrade d’un saloon, avec leurs chemises country et leurs poses vintage ; les visages sont sérieux, le répertoire, pas du tout. Car, c’est vers l’est que se ruent ces quatre cow-boys intrépides de la banlieue parisienne, archets à toute berzingue et avec « l’âme des fous » (« aälma dili » en rom) que revendique leur combo de cordes balkaniques.
La tonalité morriconienne est celle de l’album Pour une poignée de -dinars, bande-son originale d’un western balkanique sauce spaghetti qu’ils portent avec l’énergie de tout un orchestre. Les violonistes descendent dans le public, le contrebassiste soulève son instrument
dans les airs et le rythme, frénétique, ne ralentit que pour quelques trémolos facétieux. « J’ai du vague à l’âme », chantent-ils, gouailleurs, à la fin de leur rodéo endiablé. Au rappel, ils reprennent le roucoulant Mon amour, de Bob Azzam, et aussitôt leurs danses frénétiques -repartent de plus belle. » Anne Bertod, Télérama