DEPUIS VINGT ANS, RECOVECO SILLONNE LE MONDE

J’ai le souvenir d’un jeune homme à l’apparence très sérieuse, réservé, avec un talent musical hors du commun et une capacité d’analyse et de réflexion de quelqu’un de très âgé.
Il venait d’arriver du Venezuela après avoir passé quelques années à la Julliard School de New York. Notre rencontre en 1995, nous amena quelques mois plus tard à la création d’un duo (guitare, violon), afin de diffuser la musique populaire instrumentale du Venezuela et de la Colombie.
Notre projet n’a duré que quelques semaines, car nous avons croisé mon inséparable ami d’enfance, Nelson Gómez, dans une de ces interminables nuits parisiennes, où entre musique, danse et vin, nous refaisions le mode d’alors.
Nous avons donc opté pour un trio instrumental en ajoutant le guitarrón.
Quelques semaines plus tard, nous préparions notre premier concert à l’ambassade de Colombie, à l’occasion de la présentation du roman « Avalancha de amor » ( « Condamné à vivre ») de l’écrivain colombien Germán Santamaría, basé sur la tragédie d’Armero.
Quatre jours avant l’évènement, le compositeur et instrumentiste vénézuélien Cristóbal Soto, fondateur du célèbre ensemble Gurufío (entre autres), attendait à Caracas l’avion en provenance de Bogotá qui allait le conduire à Paris, ville dans laquelle il retournait vivre après des années d’absence.
A bord de l’avion, il entame une conversation avec son voisin qui, apprenant qu’il est vénézuélien et musicien, lui dit être lui-même colombien et écrivain, et se rendre à Paris pour la présentation de son livre, suivie d’un concert donné par un jeune violoniste vénézuélien.
« Comment s’appelle-t-il ? demande alors Cristóbal Soto, « Alexis Cardenas » lui répondit Germán Santamaría . « Je le connais ! », s’exclame Cristobal, et d’ajouter : « Ese carajito toca mucho ! (ce petit est un monstre du violon !).
En arrivant à Paris, Cristobal, que je connaissais déjà pour l’avoir croisé à de nombreuses reprises dans ses tournées artistiques en France, m’appelle pour m’inviter à découvrir, dans mon ambassade, le jeune violoniste le plus talentueux du Venezuela.
Je lui dis : « Figures-toi que ce jeune génie joue avec moi, alors je t’invite à venir écouter notre trio. ». Cristobal me répondit : « Caramba, je peux jouer avec vous ? ». « Evidemment !!! », lui répondis-je.
Le lendemain, lors de la répétition, Cristobal qui était venu avec sa mandoline et son cuatro, suggéra d’ajouter quelques choros brésiliens à notre répertoire.
Nous avons donné notre premier concert, ainsi naquit Recoveco.
Ce nom choisi par Cristobal, pour baptiser notre quartet, en dehors de son sens littéral, signifie aussi Rencontre Venezuela Colombie.