Electro L.A. & Californian rock
Depuis le succès de son premier album Run (2014), la course folle d'un écorché vif, l'alchimiste de l'électro-folk ne cesse d'écumer les salles françaises et européennes. Baroudeur, le songwriter désormais parisien chemine dans des contrées imaginaires qu'il illustre par de délicats canevas sonores. Il court, Talisco, traversant les plaines western, mid-tempos hypnotiques aux dentelles acoustiques, et les déserts californiens qu'il troue de lézardes électriques et de réverbes vintage. Dans son nouvel album, Capitol Vision (Roy Music), le "romantique épineux" (dixit Les Inrocks) a observé la Cité des Anges depuis les hauteurs de Mulholland Drive, au-dessus de la canopée urbaine, "pour contempler les lumières les plus brillantes de la ville". Pour faire la lumière sur soi. Capitol Vision illustre ses trois dernières années, son immersion californienne, la love Story avec L.A., les tournées un peu partout dans le monde et les plongées plus intérieures en studio.
Milo Green

A travers la dualité entre les nappes de synthés, les orchestrations toujours aussi fouillées, et les guitares rock taillées dans l’os, on a l'impression que tu as durci le propos.
C'est un album plus brut que le précédent car je raconte des histoires que j'ai réellement vécues, il n'y a pas de fantasme, de personnages de fiction, de faux Talisco, c'est ma réalité. Musicalement, je n'ai jamais de cahier des charges, je ne m'enferme pas. Pour cet album, outre les guitares, j'ai utilisé beau-coup de synthés, des vieilles machines comme le Prophet 5 et le Jupiter, des instruments que j'adore. J'adore triturer les sons, les tordre, pour un rendu plus frontal, une mise à nu.

Ta vision du rock, en capitale...
Est-ce que c'est mon album rock ? Je ne sais pas... Ce disque est une affirmation, une volonté d'être entier, plus assumé. J'ai décidé de ne contenter personne, mis à part moi, de m'amuser et d’aller dans les directions qui me plaisaient, sans craindre de décevoir. Je n'avais pas envie d'être poli.

L’une de tes particularités, c’est que tu es tout autant un songwriter qu’un homme de studio.
Sur cet album, je me suis encore plus mis dans la peau d'un producteur : je crée de la musique, je ne suis pas qu'un songwriter avec sa guitare ; non, j'ai une vision générale du projet. Je crée un ensemble, la formule guitare-voix n'est pas le propos.

Dans le titre "Sitting with the Braves", on se croirait en plein trip à Joshua Tree avec ces hallucinations pysché-rock et ces lézardes de saturation, de larsen, à la fois en apesanteur et inquiétantes. Comment est né ce titre qui évoque le chaos ?
C'est un morceau triste, dont les paroles évoquent un être proche qui est en train de mourir, mais son entourage le protège en l'empêchant d'être vu par la mort. Elle rôde autour de sa chambre, comme un spectre, on "cabane" les volets pour empêcher qu'elle vienne le prendre. En vain. C'est un titre à l'ambiance pesante, avec de la puissance, des déchirures. Dans le titre "Behind the River", un sorte de gospel hors format, j'ai fantasmé son voyage vers l'au-delà pour rendre les choses plus belles, plus douces, plus acceptables...

Un mot sur la chanson "The Race", une course folle qui porte bien son nom.
Ce titre parle de ma vie, qui pourrait être une course de voiture ! Un jour, quelqu'un m'a dit que je n'étais même pas sur la ligne de départ que j'étais déjà en train de négocier le virage de la ligne d'arrivée ! C 'est vrai, je vis de cette manière, plein pot, avec beaucoup de projets, d'ambition ; chaque jour, mon quotidien est une course. Quitte à me consumer. C'est mon monteur et ma perte.

En concert à l'Elysée Montmartre le 1er juin 2017

—  Milo Green

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