Plus de vingt ans de carrière, une tournée nationale dans le cadre de la sortie de son 7ème album, « Reggae Français » (disponible depuis septembre dernier sur le label Ensemble Éditions) et un Olympia en point d’orgue… Taïro promet quelques claques et un flot de bonnes ondes tout au long de 2017. Mars attack. L’auteur-compositeur-interprète parisien revient aux affaires avec son reggae de combat et ses grains de sable jamaïcains qui dérangent à l'heure des réflexes communautaires et des replis sur soi. Taïro a cultivé son goût pour la lutte dans le terreau politique familial, lui le fils du Président de l'Union Nationale des Etudiants Marocains lors des manifestations de 1968, longtemps emprisonné avant de s'exiler en France avec de faux papiers. Père militant et habitué de la Fête de l'Huma, mère prof de sociologie, le fiston fera de la scène une tribune. A chacun ses armes. Celles de Taïro seront musicales : ado, il court les sound systems parisiens, écoute Daddy Nuttea, Saï Saï, Raggasonic etc. Avec les Youthmen Ten, combo de potes de collèges du Xème arrondissement, il se met à toaster sur des faces B puis monte sur la scène de l'Espace Massena et du reste de la capitale.
2000, l'odyssée de Taïro peut commencer. Une de ses maquettes de sept titres arrive aux oreilles d'Akhenaton, bluffé par ses bons sons. Le rappeur d'IAM décide de l'incorporer dans le groupe One Shot (avec Nuttea, Disiz, Faf Larage etc.) chargé d'enregistrer la B.O. de "Taxi 2". Taïro a vingt ans, court les featurings en attendant de sortir son premier solo "Street Tape (2007) et s’impose peu à peu dans le paysage rasta hexagonal. Le pari n'était pas gagné : il a fallu convaincre le public à défaut d'être suivi par les médias nationaux, émanciper sa musique des codes jamaïcains, des clichés rasatafariens, chanter la lutte en français et non se contenter de toaster en anglais.
Taïro contre les terroristes de la pensée. Son nouvel album, "Reggae Français", n'a rien d'un slogan pour le "made in France", mais propose un manifeste humaniste, une internationale de toutes les couleurs, pas seulement vert-jaune-rouge. Toast tonitruant et riddim rentre-dedans, ce "Reggae Français" ne se cache pas au fond d'un slip cocardier, très à la mode actuellement. Taïro prend la parole, gare aux mèches, ça cogne sur les prêcheurs de la peur, les réflexes nationalistes, les débats fielleux sur l'identité, le rejet des immigrés, des réfugiés... Lanceur d'alerte, le grand frère aime surtout jouer les rassembleurs, avec parfois une pointe de douce nostalgie, comme sur le titre « Bon vieux temps », rappelant l’époque bénie des premiers sound systems parisiens. Positive vibrations. L'apprenti n'en est plus un.