Silvère s’est mis à nu. Dans ce 3ème album captivant, l’ex-membre du Saïan Supa Crew (Silvère de son vrai prénom), tombe encore un peu plus le masque, à l’image des superbes photos de l’artwork réalisées par son manager Alexandre Lacombe : "Je me sens à afficher, on plus seulement l’artiste, lais l’être humain que je suis, en narrant les aventures et les mésaventures que j’ai traversées", concède l’inclassable artiste (auteur, compositeur, chanteur, instrumentiste, beatboxeur et rappeur). Silvère lève le voile sur New Day, une ode à la renaissance illustrée d’un hip hop old school sur basses groovy à souhait, dans laquelle Sly/Sylvère dresse "un constat social comme un peintre réaliserait un tableau."
Juste après, les beats bastonnent et frappent le cerveau comme des coups de marteau ("Sale"), avant un retour dare dare au flow de funambule et aux nappes électro sur le caustique "Tué ma Vibe". Dans "Skin", Sly s’attaque au racisme latent en célébrant la mémoire de Saartjie Baartman (la Vous hottentote) et convoque Trayvon Martin, un jeune Afro-Américain tué par un policier en Floride sur la complainte éthylique "Babylone". Et de-ci de-là les subtiles mélopées soul ("Congo Girl") pour alterner les claques et les caresses, les coups de pattes et de griffes. Sly style. Composé et réalisé avec son compère multi-instrumentiste Ben Molinaro, Sylvère lorgne d’étranges frontières, à mi-chemin entre la froideur des machines et la chaleur des cordes vocales (et, en concert, des guitares des excellents Anthony Jambon et Ralph Lavital), entre les valses de tempos et les beats hypnotiques. Les joies et les peines d’un poète urbain, souffleur de vers. Mise à nu enfin avec l’émouvant hommage à sa mère disparue en 2007, "Oh ! Mother", une déclaration d’amour a capella sur fond de samples de la voix maternelle. Un dialogue extra-terrestre pour une chanson composée au creux de l’épaule.