On le soupçonne même parfois d’aller chanter pour les petits êtres vivant entre le mur et ledit papier, mais peut-être aussi qu’il arrive à le poser là où il n’y a même pas d’murs." Jean Palomba, le poète de Rage mue - Et en effet, c’est sans doute la poésie qui peut rendre le mieux compte de la singularité du bonhomme. Singulier, bizarre ou plus précisément excentrique, comme le classait Les Inrockuptibles dans son hors-série sur les saugrenus.
Le voilà donc sur le point de sortir son quatrième disque. Il nous parle de son anatomie bizarre. Oui, parce que l’estomac ne fait-il pas partie du ventre ? La chanson éponyme décrit les tourments d’un homme dans son couple qui vit diffusément son mal, pour mieux le localiser ensuite. Même chirurgie pour "Le Chasseur Blanc", comme un droit de réponse au fameux "Tu vois pas qu’on s’aime pas" (Aqua Mostlae) puisqu’ici c’est une femme qui parle. D’ailleurs, le chanteur laisse volontiers le mot de la fin aux femmes. Mais peut-être écrirait- il la "faim" ? Quoi qu’il en soit, la résignation s’y fait plus drôle, distanciée et légère. Dans le ton et le rythme. Ces neuf chansons, avec ses scat et ses "vaya" brésiliens, manient dérision - bienveillante - jeux de mots et rimes, pour décliner différentes façons d’avoir de l’estomac...(face à sa compagne, à son compagnon donc, face à son banquier, à la meute estivale ou punitive ou face à la mort...). De fait, Nicolas Paugam pousse sa malice potache jusqu’à finir son album par un naufrage !
Ce quatrième album se veut le dernier de la série "collages" ; car tous ces disques se reconnaissent, au-delà de leur style croisé entre Michel Legrand, Alain Souchon et la MPB (Télérama), par leur pochette bigarrée réalisée par le compositeur. Voilà donc une musique éclectique et solaire aux codas ad libitum et à la poésie sans gare. Oui, à classer dans les inclassables. Nelly Dvořák
Alexandre Saada : piano, clavier
Julien Alour : trompette
Rénato Tonini : cajon, percussions, chant
Thibault Brandalise : batterie
Yannick Boudruche : guitare, chant
Nicolas Paugam : guitare, chant
FONTAINE WALLACE
« Trop de chanteurs. Trop de chanteuses. Alors je vais me taire. Et la mettre en veilleuse.»
Par ces mots, s’achève le premier album de Fontaine Wallace : ultime et ironique saillie d’une odyssée pop où la grâce jaillit derrière la tension urbaine.
Comme le suggère le nom de la formation parisienne, la ville y est omniprésente, mais sans cesse transcendée par un imaginaire fantaisiste, foisonnant, fantasmagorique. L’Astronaute et le Sagittaire côtoient l’Architecte dans une galerie de caractères, où les membres de Fontaine Wallace se jouent des codes et d’eux-mêmes, devenant parfois les personnages de leurs propres histoires. Effet de mise en abyme garanti pour un groupe dont certains des musiciens ont assuré les grandes heures de Superflu, Prohibition ou Luke.
Habile dans l’art d’élaborer des chansons pop accrocheuses, nourries à la noirceur familière du quotidien, Fontaine Wallace promène son spleen lettré dans une étonnante forme d’enthousiasme communicatif. Avec un goût évident pour les harmonies vocales et les jeux de questions réponses entre ses différents membres, le groupe use du collectif pour raconter l’intime, révélant la part d’universel cachée derrière l’histoire personnelle. Dans les méandres d’un album complexe et direct à la fois, on se laisse finalement entraîner sans effort par le zeste de nonchalance caressante dans les voix… et l’on se surprend vite à ajouter la sienne à l’édifice.
« Trop de chanteurs » ? Peut-être en effet.
Mais assurément pas chez Fontaine Wallace.
Cécile Béguery : Basse, chant
Fabrice de Battista : Claviers, chant
Nicolas Falez : Guitare, chant
Ludovic Morillon : Batterie, chant