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Naya

Rock — Le 20 septembre au Café de la Danse

A la première écoute, on pourrait craindre une énième fée de l’électro-folk, qui planque sous des boucles d’électroniques et trois accords strummés ses faiblesses harmoniques. Naya n’a rien de ces Miss nada. Pas question de tricoter de faux canevas, de bricoler vite fait, la jeune songwriteuse libournaise révèle un réel talent pour les mélodies accrocheuses, à l’image de son titre "Une fille de la Lune" (rebaptisée "A Girl on the Moon" en version acoustique). Son premier album, Ruby (produit par Valentin Marceau et sorti à la rentrée chez Sony), ne manque pas de pépites pop, composées à la guitare et polies aux machines. Derrière les arrangements modernes (réalisés via le logiciel Ableton Live, un séquenceur audio et véritable couteau suisse de la MAO), on retrouve en effet l’architecture voix-guitare, une patte acoustique qui ne souffre aucune posture. En somme, une demoiselle plus ou moins de son temps qui biberonne toutes les musiques depuis son plus jeune âge.
Naya n’a pas perdu de temps : apprentissage du piano au conservatoire à l’âge de cinq, de la guitare à dix, premier concert deux ans plus tard dans le skatepark de Libourne, en guitare-voix. Ce jour-là, elle joue des reprises de ses idoles : "Heroes" de David Bowie, mais aussi des tubes d’Oasis et des Beatles. A 12 ans toujours, elle suit ses parents lors d’un pèlerinage dans la musique anglo-saxonne : virée à New-York, crochet à Liverpool, dans l’antre des Fab Four, le Cavern Club, pour une soirée open mic : "Il a fallu que mes parents fassent le forcing auprès du videur pour que je puisse rentrer et jouer sur scène vu mon âge… C’était énorme !"
14 ans. A l’âge où les adolescents contemplent leurs pompes, Naya arrive jusqu’à la finale de The Voice Kids, où elle interprète avec aplomb "Tous les Garçons et les Filles" de Françoise Hardy. Comme dans la chanson, elle se démarque de ceux de son âge. Retour dans le cocon familial, où elle écrit et compose ses premières chansons, sous le regard complice de ses parents, musiciens et fondateurs du groupe de noise Basement. Une jolie carrière marquée par des déluges de décibels et des tournées qu’on imagine volontiers électriques. "J’ai vu mes parents la première fois sur scène à l’âge de 13 ans, puis je les voyais toujours partir en tournée, ça m’a donné envie de faire ce métier." A la maison, Naya se noie dans la musique : Radiohead, les Beatles, Cat Power, PJ Harvey, Bowie, Beck, Jake Bugg, Artic Monkeys ; Lorde, Aurora pour l’électro. Gainsbourg pour les couplets en français. Elle apprend la guitare avec son père, d’abord sur une Cort acoustique, puis sur une Takamine signature Glenn Frey, le guitariste des Eagles. Ça devient sérieux, les parents sont bluffés, son père lui prête sa Telecaster 52 et son ampli Matchless. Dans cette famille, on ne mégote pas avec le son. Depuis, la musicienne (elle joue aussi de la batterie) s’est offert une Martin D15 et une Duesenberg. Sans oublier un pedalborad gavé jusqu’à la gueule, qu’elle tente désespérément d’alléger pour pouvoir le transporter de gig en concert. L’horloge semble arrêtée : l’ado enchaîne les premières parties prestigieuses (Mademoiselle K, Laetitia Shériff etc.) et se produit régulièrement à l’IBOAT de Bordeaux. Jusqu’à 23 heures, couvre-feu obligatoire pour les mineurs.
16 ans. A l’âge où les ados continuent de surveiller leurs sneakers, Naya enregistre son premier E.P. Blossom. Elle le défend sur la scène de la Boule Noire, en première partie de Declan McKenna, révélation pop anglaise du moment. "Il y avait tous les pros. Dès le lendemain, j’ai reçu plein de coups de fil !" (rires) Elle choisit Sony qui la signe dans la foulée. Une fille dans la lune ? Non, Naya a les pieds sur Terre et une carrière prometteuse à l’horizon. Le bac passe par là, qu’elle décroche par correspondance, tout en défendant son projet, dans lequel elle se questionne sur la frontière entre ses vie d’étudiante (elle lorgne une fac d’anglais) et celle de musicienne. C’est ce qu’elle chante dans son premier album, son "monde dans ce monde" (dans le titre "Bel Univers"), comment trouver sa place dans la société, la quête de sens, des thématiques que l’on aborde plus à la trentaine, voire la quarantaine, qu’à la vingtaine. "Je traite surtout du passage de l’adolescence au monde adulte. J’ai arrêté le lycée il y a un an pour me consacrer à la musique tout en passant mon bac par correspondance. J’étais inspirée par ce choix, la réaction de mes copines, leur regard sur mon choix de vie, le décalage entre ces deux univers… » Elle cherche d’un côté le le réconfort et le cocon, de l’autre la lumière et l’aventure, partout l’"Ailleurs Solaire", du nom de l’une de ses chansons. Son single "Une fille dans la Lune" brosse une rêveuse qui n’a pas les pieds sur Terre et qui décide d’aller vivre sur la lune. Pour Naya, nul besoin de lever le nez pour voir des étoiles.

—  Youri

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NAYA + 1ère Partie

20/09/2018  –  Le Café de la Danse Paris 11

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