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They Call Me Rico

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On l'appelle Rico. On aurait tout aussi bien pu l'appeler Plata, ou plutôt Salud, son massif alter-ego joué par Bud Spencer. Car le trapu barbu (Frédéric Pellerin de son vrai nom), cousin québécois exilé dans les bouchons lyonnais, ne fait pas dans la dentelle, mais donne plus volontiers dans la baffe blues, façon virtuose-bûcheron. Au Canada, on aime le bois ; l'ex-membre des Madcaps privilégie les essences de palissandre à l'épicéa, même si pour ses instruments ça sent le sapin à la fin du show. Rico lorgne le grand songbook des Ricains, du blues à papa au tempo taurine, version raw blues, voire "outlaw rock" à la Willie Nelson sans le Stetson. Les doigts sur la gâchette de ses superbes six-cordes (acoustique, électrique et dobro), le pied sur la grosse caisse, l'homme-orchestre envoie du lourd, sans politesse mais sauce poutine (la recette acadienne, pas l'humaniste russe). En première partie des Youngblood Brass Band à la Maroquinerie, Rico, seul et sans cuivres, n'était pas vraiment chez lui. Plutôt que de brasser de l'air, il attaquait pied au plancher avec des riffs bons à défriser les caribous, scandant, hurlant, dans ou hors micro, pour ramener la foule parfois distraite, ou étourdie après les premières fessées. A côté de moi, trois jeunes minettes arrêtèrent rapidement de minauder, subjuguées par la performance de ce Rocky des "juke-joints", les bouges du Deep South, dans lesquels ferraillaient les dinosaures du blues. S'ils étaient encore vivants, ils l'appelleraient certainement, Rico.

—  Youri

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