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Disque

Klô Pelgag

Jeu de (hors) pistes

Klô et ses comptines électro-pop loufoques, ses chansons baroques et son univers absurde... La lauréate du Prix Barbara en 2015, plus proche de Brigitte Fontaine que de la "Dame en noir", ne cesse de bluffer son monde. Un drôle de monde qu'elle esquisse par touches surréalistes ou croque sous les griffes d'étranges monstres, tels ces échos de sirènes qui lézardent le titre "Samedi soir à la violence", une évocation de la maladie d'Alzheimer. Sans oublier l'improbable babygro cousu de faux organes que porte l'artiste dans le clip du titre. Pelgag, l'artiste poil-à-gratter de la scène pop internationale.
Inspirée tout aussi bien par les doutes existentiels et la peur de la mort que par les fruits et les légumes, la musique de Pelgag n'a rien d'un gag. Au contraire, la fée crochète les vieilles recettes et se love dans l'inconfort : "Quand je suis sur scène, est-ce que je m’auto-examine ? Vu d’en haut, est-ce que je me demande si ce que je joue est beau ? Et bien, je suis à l’antithèse de tout ça. Je préfère m’insulter et me mettre dans des positions complètement inconfortables, et même écraser des bananes sur la tête de mes musiciens !"
La tête. Chez l'exubérante Chloé Pelletier-Gagnon, tout part des méandres de la boîte à tiroirs crânienne. Elle y puise la matière brute de ses étranges fresques : "J’ai des trucs bizarres dans la tête depuis toute petite, inspirés par par l’art visuel (Botero, Dali, Magritte, Marc Séguin), la littérature et le théâtre (Ionesco, Vian, Réjean Ducharme), le cinéma (André Forcier, Jean-Claude Lauzon, Pierre Perrault, Wes Anderson) et la musique (Chopin, Brel, King Crimson, Gentle Giant...). Je m’efforce à faire de mes chansons un paysage pour les aveugles", écrit-elle dans sa bio.
Trois ans après un premier opus salué par la critique (L'Alchimie des monstres), l'ovni québécois vient de sortir un deuxième album, "L'Etoile Thoracique" (Zamora/Coyote Records), aussi captivant que dérangeant. Il y est question du sexe des étoiles, de ferrofluides-fleurs ("qui germent au cœur des idées érotiques"), d'insomnies et d'incendies, d'une visite au musée Grévin et de l'apparition de la Sainte Etoile Thoracique (clin d'œil à sa grand-mère). En somme, un bestiaire de créatures humaines.

—  Milo Green

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