Une enclave jazz dans les beaux quartiers, le cool parmi le chic. C'est à quelques pas du Louvre, dans le restaurant auvergnat le Musset, que deux passionnés de la note bleue ont décidé de faire swinguer le quartier. Le propriétaire, Alain Valentin, ancien accordéoniste ayant joué avec Jo Privat durant les grandes heures du Balajo, et le violoniste Daniel John-Martin, figure incontournable de la scène jazz parisienne, lancent une nouvelle scène live, avec deux concerts mensuels (tous les 2ème et 4ème vendredis de chaque mois). Du swing au pied des palaces, à mille lieux des clubs VIP lounge, il fallait oser. D'autant que la programmation cible le jazz populaire et tous ses satellites, du manouche à la musique brésilienne avec Nelson Veras. Ils l'affirment, cette musique n'est pas prête à finir dans un musée : "Nous voulions avant tout proposer des soirées musicales, à thème et à entrée libre, comme dans les années 50 et 60, quand le jazz résonnait dans toute la ville et qu'il ne fallait pas montrer patte blanche ni se ruiner pour entrer dans un club", résume Daniel. En somme, rien de révolutionnaire, mais un sacré croche-pied à l'industrie musicale du moment. D'autant que tous les musiciens sont rémunérés au cachet, ce qui est malheureusement devenu une rareté dans les brasseries et bars-concerts parisiens.
Contrairement aux bougnats qui "montèrent" à la capitale au XIXème siècle, ces deux-là firent le chemin inverse. Ils se rencontrèrent à Saint-Flour, au cœur du Cantal, via l'entremise du guitariste Georges Megalos, malheureusement décédé l'an dernier. Mégalos ne l'était pas, même s'il pouvait se targuer d'avoir accompagné pendant près d'un demi-siècle des grands noms de la chanson française comme Piaf, Trenet, Brassens, Brel, et des stars du jazz, tels Michel Legrand, Quincy Jones et Stéphane Grappelli. L'attelage a de la gueule et confirme qu'au Musset, on connaît la musique.
Les têtes d'affiche ont répondu présent à l'appel de Daniel John-Martin pour défendre cette nouvelle scène parisienne, autour d'une bonne table, généreuse, avec spécialités auvergnates et ambiance bon enfant, à l'image du patron.
A chacun sa révolution d'octobre. Celle du Musset s'ouvrira sur un show explosif de Fabien Mary Quartet le 9 octobre puis Ludovic Beier Quartet avec Pierre Blanchard deux semaines plus tard. Les cocktails Molotov façon Musset.