Troubadour des pistes et diffuseur de rythmes venus de l’Est depuis plusieurs années, DJ Tagada est un fin amplificateur d’ambiance. Il sait entraîner l’âme collective et les corps imbibés de joie au déchainement des rythmes balkans et autres sonorités venues de loin, de très loin. Avec Rona Hartner, égérie franco-roumaine, il signe en 2013 le projet Gypsy Therapy et confirme que son « boum-boum-tagada » est un rythme qui vient… directement du coeur.

DJ Tagada, il vient d’où ce nom ?

Tagada c’est venu bien après ma passion pour la musiques des Balkans. C’est au début des années 90 que j’ai entendu pour la première fois ce son. En passant des vacances en famille sur la côte normande, j’avais fait la connaissance d’une ravissante jeune femme et de ses frères et soeurs, tous originaires de Belgrade ; leurs parents les avaient envoyés par précaution dans la Manche pour fuir les évènements en ex-Yougoslavie qui devenaient de plus en plus violents et incertains. J’étais vraiment bouleversé et curieux à la fois par ce qu’elle me racontait. Nous avions pas mal de points communs dans nos cultures. Je suis originaire du sud de l’Italie. Du coup, nous en sommes arrivés à la musique, à nos racines et c’est à ce moment-là que j’ai eu le coup de foudre pour ce son que plus tard mon collègue berlinois, Robert Soko, baptisera Balkanbeats.
Depuis, ces sonorités ne me quittent plus. DJ ?… Je ne pensais pas en faire mon métier, c’est un accident ! J’ai alors choisi Tagada car il me fallait rapidement un pseudo pour les premières soirées tsiganes du Divan du Monde. J’ai donc fait référence à mon morceau préféré de la Fanfare Ciocarlia – Hora Cu Strigaturi ! Le morceau commence par TA GA DA GA DA GA DA GA DA GA DA GA DA, et je trouve qu’il résume parfaitement bien la puissance et la folie de cette musique. Aujourd’hui, je trouve que j’occupe une place plus utile que les bonbons chimiques du même nom, c’est du Tagada saveur Paprika ou liqueur de Vodka, ça oui, c’est moi !

Le dancefloor parisien, il est chaud ?

Il m’a fallu du temps pour comprendre les ficelles du métier et pour trouver ma place dans la capitale.

Je me souviens qu’au début j’étais vraiment excité par l’idée de recycler ce son version bal populaire, le public s’est très vite pris au jeu et je peux dire qu’après dix ans d’expérience, il en redemande encore ! Mes soirées sont de plus en plus fréquentées, avec toujours plus de folie et d’ambiance sur le dancefloor et le balkan-clubbeur, en majorité féminin, provoque aux fêtes balkaniques un « orgasmusical » qu’on retrouve rarement. Balkanbeats Paris, ce sont des soirées dingues et imprévues! Je n’arrêterai jamais de remercier et de faire plaisir aux Parisiens.

*Tu penses qu’à Paname on est aficionado aux rythmes venus de loin ? *

Oui, Paris est depuis des décennies une des plaques tournantes des musiques du monde ! Je suis né en banlieue parisienne et, très tôt, mes oreilles ont été bercées par les musiques du Maghreb, d’Afrique ou d’Amérique Latine. Paris c’est la ville idéale pour les artistes venus d’ailleurs, on y croise vraiment toutes sortes de styles musicaux et les collaborations ne manquent pas ! D’ailleurs, un des plus grands sites Internet spécialisés dans les musiques du Monde (Mondomix) a été créé par des parisiens. Paname a soif de nouveaux sons.

J’ai rencontré mes artistes préférés à Paris, on a des belles salles de concerts ici, mais bon, j’avoue aussi que les places des spectacles restent assez chères à mon goût. Heureusement qu’on y trouve quelques festivals gratuits l’été. Mon festival préféré c’est Ville des musiques du Monde , il est complet et abordable.

Donc oui, les Parisiens sont très ouverts aux musiques du monde, et c‘est du pur bonheur !

Une petite anecdote sympa d’une soirée parisienne ?

C’est ma première rencontre, au Divan du Monde, avec l’actrice principale du film Gadjo Dilo de Tony Gatlif, Rona Hartner ! Ce jour là on s’est limite insulté, hurlé dessus, détesté et tout ce que tu veux dans le genre, pour au final travailler ensemble quelques années plus tard. Encore un accident qui finit bien. On a vite vite éteint l’incendie et transformé ce premier échec en un super album : Gypsy Therapy. On entame notre tournée 2014 en mars, on veut être au top et la pression monte. Les tensions sont de retour, mais c’est notre façon de nous aimer. C’est la gypsitude comme elle dit, et au moins il y a de la vie dans nos rapports : l’esprit des Balkans y règne en maître !

—  Propos recueillis par Diego

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