Il a un nom à coucher dehors, mais on pourrait s’enfermer des semaines chez soi pour écouter sa musique en boucle. Le merveilleux songwriter canadien nous revient cette année avec un nouvel album, dont les contours oscillent toujours entre le folk haut de gamme et le lo-fi rugueux, le tout mâtiné d’une electronica en tout point adéquate. Comme c’est presque son habitude, instaurée maintenant depuis dix ans, Chad VanGaalen ouvre avec une petite ballade tout en pureté folk, où sa voix haut perchée distille tout ce qu’on peut faire de mieux en termes mélodiques : l’émotion fait fi des décibels et enveloppe en quelques secondes avec quelques cordes pincées pour toute ressource annexe. L’univers bizarroïde qui s’instaure est, à l’image des dessins du compositeur, aussi séduisant que déroutant : étrange dans sa mixture d’éléments et d’influences, qui convoquent autant Neil Young que le Velvet Underground, mais étonnamment direct et immédiat dans le déroulement des mesures complexes qui composent l’album. Dans cette atmosphère globalement intimiste et recueillie, Chad VanGaalen ne manque pas de donner quelques coups de guitare en dehors des sentiers bucoliques de son acoustique traditionnelle. On pourrait même parler d’intuitions punk sur certains titres chausse-trappe. A l’image de ce « Where Are You? », qui pourrait d’ailleurs être la question adressée à notre auteur-compositeur, à l’identité artistique on ne peut plus mouvante. Difficile de localiser le personnage sur la carte des productions musicales actuelles, mais on sait en revanche, qu’il faut, pour avoir des chances de le croiser, regarder haut, très haut.

—  JC